A l'assaut de l'ultra

GRP 2013


Il y a toujours un défi à relever dans la vie, mais certains sont plus abordables que d'autres.

L'année de mon passage dans la quarantaine sera marquée par une tentative physique un peu hors norme, à savoir parcourir en courant 160 kms et 10000 m de dénivelé en montagne, dans les Hautes Pyrénées, en une étape.

Cette course est l'une des plus dures d'une discipline qui se répand à la vitesse de ceux qui la pratique, le TRAIL.

Le Grand Raid des Pyrénées grandit dans l'ombre du médiatique Ultra Trail du Mont Blanc à Chamonix ou de la Diagonale des Fous à La Réunion.

Cette année plus de deux mille participants se sont retrouvés sur les deux formats proposés, le 80kms et ses 5000m de dénivelé et le 160kms et ses 10000m de dénivelé.


L'inscription finalisée au mois de janvier, j'ai d'abord préparé mon premier défi, à savoir les 100kms sur route de Belvès en Avril, puis après un peu de repos, direction les chemins montagneux pour environ quatre mois d'entraînement spécifique, qui vont me permettre de développer mon endurance et de renforcer mes cuisses qui vont devoir encaisser un enchaînement de longues montées et descentes.


Pierre GASPARIAU de Team Trail Coaching, à qui j'ai confié la tache de me concocter mes séances d'entraînement, s'adapte bien à mes contraintes professionnelles et familiales car je sens au fil des jours que je progresse dans ma capacité à tenir des distances et du dénivelé de plus en plus important.

Mais j'ai toujours cette question qui revient quand je mémorise le parcours qui m'attend : est ce que j'en fais assez ?

Mi juin je profite de quatre jours de congés pour enchaîner un petit bloc, qui commence par le 50kms de la Montan'Aspe qui alterne trois belles montées et descentes. Je ne parviens pas à me mettre dans la course mais je garde le même rythme et finis sans avoir de douleurs musculaires ce qui est très rassurant. J'enchaîne d'autres sorties les jours suivants et mis à part une gène au genou, j'encaisse bien toutes les séances.

Le printemps pluvieux et l'énorme quantité de neige accumulée cet hiver et qui peine à fondre m'empêchent de faire toutes les sorties que j'avais prévu, mais bon j'arrive à cumuler du dénivelé.

Par contre si mes capacités d'endurance croissent, ma vitesse décline un peu. Sur le trail nocturne de Pontacq, j'ai du mal à accélérer mais par contre je maintiens mon allure jusqu'au bout. Bon, j'ai ma sortie montagne de la veille dans les cuisses. Le lendemain, j' enchaîne avec une belle sortie depuis Pierrefitte jusqu'au col du Labas, pour voir les coureurs qui participent à la Course du Vignemale.

Pour ma fin de préparation, j'ai la chance de pouvoir passer les quinze premiers jours d'août dans le Verdon, dans un camping situé à 700 m d'altitude. Je quitte l'allée, je tourne à droite et « PAN !» (comme dirait le coach) des sentiers m'emmènent à 1500m d'altitude.


La forme est donc là à l'approche de la course, je fais une dernière reco vers le Cabaliros avec Romain en mode rando course avec les bâtons, que je choisis d'emmener pour le périple.


Les jours précédents, je me concentre sur le parcours avec le Road book, et sur la constitution de mon sac de course ainsi que des deux sacs que je pourrais récupérer aux bases de vie.


Le poids de mon sac est loin des 1kg qu'emportent les premiers. Pour une première, je joue pas avec le feu et préfère l'alourdir avec des vêtements moins ultra light mais plus chauds. Si la météo annoncée semble assez bonne, il est prévu des orages et connaissant bien la région, je me sens pas de vivre une nuit sous la pluie et le froid. D'autant plus que la fatigue sera présente à la nuit tombée.


Il me tarde d'arriver au jour du départ, j'ai même l'envie que ce soit fini. J'ai passé beaucoup de temps à m'entraîner seul, sacrifié beaucoup de petites courses sympas et d'entraînements avec les Aigles et j'avoue que le lien social que procure la course me manque.

Bon j'ai vécu des moments inoubliables dans les montagnes comme cette sortie au Pic du Midi de Bigorre avec Nico Craveiro le jour où la région a été dévastée par les inondations. Les petits ruisseaux se sont transformés en torrents, de l'eau coulait de partout et nous étions un peu seuls au monde à courir par ce temps.

Ou encore cet orage que nous avons pris avec Romain sur Arthez d'Asson si dantesque que là encore l'eau a tout emporté sur son passage. Nous avons réussi à sauver une soixantaine de moutons de la noyade, enfermés dans une grange submergée par les eaux.


Les deux jours qui précèdent je stresse un peu mais sans plus, par contre je suis dans un état mental que je n'avais pas connu jusqu'alors. Je réalise l'ampleur de la tâche et pour la première fois je crains de ne pas parvenir au bout de mon défi : trop de kilomètres, trop de dénivelé, trop de temps de course... je me résigne à envisager l'abandon même avant le départ.


Jeudi après midi, plus question de faire marche arrière, j'installe le matelas dans le Partner, et direction l'aventure. Vielle Aure pullule de bipèdes longilignes habillés de vêtements techniques. Le sac vérifié, le dossard récupéré, nous assistons au briefing puis direction la Pasta party pour ingérer le plat de pâtes d'avant course.


Je me suis couché tôt et malgré un orage et le cliquetis des gouttes d'eau sur la carrosserie en début de nuit, j'ai bizarrement bien dormi. Du coup je me réveille à quatre heure du matin assez en forme. Un thé, quelques biscuits et me voilà en approche de la ligne de départ. Nous sommes très très nombreux, j'arrive difficilement à me frayer un chemin pour aller badger et le flux humain qui précède le départ ne me permet pas de me placer aux avant-poste. Je vais devoir partir vite dans la partie goudronnée pour éviter d'être trop loin quand ce sera difficile de doubler.


A 5 heures, nous nous élançons dans le village endormi. Seuls des proches de coureurs sont là pour encourager leurs héros. Comme prévu je pars en footing rapide sur les deux premiers kilomètres pour remonter aux environs de la centième place. C'est difficile de savoir si l'on est bien placé. Finalement, dès que la file de lucioles que nous formons s'élève, je prends mon rythme qui correspond aux coureurs avec lesquels je me retrouve. Je vis bien cette première montée même si je sens pour la première fois que nous sommes nombreux. Ça pousse derrière il ne faut pas s'endormir. Je trouve les coureurs assez « excités », je m'étais imaginé que la première partie de course d'un ultra serait plus tranquille. Mais non c'est pas une ballade, beaucoup n'en sont pas à leur premier essai et espèrent sans doute améliorer leur temps.

J'arrive au restaurant Merlans en 2h14 après 14 kilomètres et 1400m de dénivelé. Je suis 153ème mais pour l'instant je ne me préoccupe ni du temps ni de ma place. Mon maître mot c'est de ne pas m'emballer.

La partie qui suit fait 15kms pour environ 500 m de dénivelé positif et 1500m de dénivelé négatif. Ce tronçon est magnifique par ses paysages mais c'est celui que je redoute le plus car c'est assez technique et ce sera l'occasion pour certains de rattraper du temps.

Je ne me suis pas trop trompé puisque ça pousse fort derrière moi, nous formons toujours une longue chaîne humaine et j'avoue qu'à ce moment là j'ai envie d'arrêter, de retrouver l'intimité que je connais dans ces montagnes. Je rage contre moi même d'avoir pris le départ d'une course trop dense et me dis que je n'arriverais jamais au bout si je dois vivre toutes ces heures avec ce flux continu de coureurs. Mon état d'esprit misanthrope et râleur me fait perdre ma concentration et je chute durement deux fois sur mon genou gauche. Je sens une douleur mais je peux continuer à courir. Je boucle mes trente premiers kilomètres sans enthousiasme mais à la vue de Nicolas Craveiro qui m'attend peu avant Artigues, j'oublie tous mes tracas. Il me donne la pèche et je suis remotivé à l'idée qu'il va m'accompagner quelques heures.


Je prends le temps de bien m'alimenter à ce ravitaillement car la partie qui s'annonce est prometteuse : une dizaine de kilomètres mais avec 1700 m de dénivelé positif et l'ascension du Pic de Midi de Bigorre qui culmine à 2876 m d'altitude.


Je repars d'Artigues en 197ème position après 5h de course. Si je veux pas m'affoler, faut quand même pas que je traîne si je veux atteindre mon objectif de rentrer dans le top 100. La montée qui suit ne m'effraie pas trop, je la connais bien pour l'avoir faite à de nombreuses reprises à l'entraînement. Pour la première fois de la course, je commence à doubler des coureurs ce qui me redonne le moral. Je me dis que ma tactique fonctionne plutôt bien mais je reste prudent. Au Pic je n'aurais parcouru qu'un quart du périple. Nico m'encourage et nous arrivons sans encombres au col de Sencours. La dernière partie vers le sommet sera un peu plus difficile mais je m'accroche et me dis que je reprendrais des forces en redescendant au ravitaillement. Au Pic je suis pointé à la 171ème place en un peu moins de huit heures.

Au ravitaillement je mange, bois et refait le plein d'eau car la partie qui s'annonce est longue, et le soleil est bien présent en ce début d'après midi. Il faut maintenant avaler 20 kilomètres, plus de 700 mètres de dénivelé positif et 2000 mètres négatifs. Nico me laisse là et n'annonce qu'il me retrouvera vers Hautacam pour continuer un bout de chemin avec moi. Je ne connais pas trop cette partie qui suit mais je suis content de découvrir ces beaux paysages. Mon genou, s'il enfle, ne m' handicape pas trop. Je me fais donc plaisir dans ce tracé sauvage où nous enchaînons le passage de plusieurs petits cols : le col de la Bonida, le col d 'Aoube, qui plongent sur le Lac Vert et le Lac Bleu, le col de Bareilles, et pour finir la Hourquette d'Ouscouaou. Je sens que les coureurs autour de moi commencent à souffrir. Pour ma part, je m'étonne de n'avoir aucune douleur aux cuisses et je me dis que ça sent bon pour la suite. 4400M de dénivelé sont derrière, et au moment où j'aperçois Nico qui m'attend pour faire la descente avec moi jusqu'à Hautacam, je caresse pour la première fois l'espoir d'arriver au bout.

Nico me quitte à Hautacam et m'annonce qu'il veut emmener sa voiture à Cauterets, tenter de se faire prendre en stop jusqu'à Villelongue pour faire le Cabaliros en ma compagnie. Je suis content de cette décision même si je suis géné de cette dévotion à mon égard.

La descente d'Hautacam à Villelongue est une formalité, je rencontre un coureur toulousain et nous faisons la descente à bonne allure tout en se racontant nos histoires de courses. Il me tarde la prochaine base de vie pour manger un peu avant d'attaquer la nuit.

A l'entrée dans Villelongue je suis content de saluer les tètes connues de nayais mais je ne peux guère m'attarder car deux ahuris hurlent mon prénom.... Belle surprise d'apercevoir deux membres du team DD de Barzun, Gilou et Bougnette !!

Je change de tenue, me sert un assortiment de soupe, pâtes, jambon, fromage, café mais le solide passe difficilement. Je perds donc du temps à attendre l'envie de manger car je refuse de repartir le ventre vide pour affronter la nuit.

Nico me rejoint comme prévu et au bout d'une heure nous repartons pour une portion que je redoute un peu, avec ses 27,5 kms et 1900m de dénivelé. D'autant plus que la nuit viendra bientôt se mêler à la partie.

La montée se fait tranquille, nous atteignons le ravitaillement de Pouy Droumide où nous sommes accueillis par une bande de joyeux lurons qui ont allumés un feu et mis de la musique, au milieu de nulle part en pleine montagne. Chapeau les gars, nous relevons un sacré défi en parcourant tous ces chemins mais les bénévoles qui nous préparent toutes ses petites attentions ont autant de mérite que nous. Pour la première fois je fais un détour par la tente des pompiers pour montrer mon genou qui est bien enflé. Je repars avec un peu de crème et deux cachets qui m'ont au moins fait un effet placebo réparateur. A ce stade de la course on s'accroche à ce qu'on peut. Thierry Cabanne, un voisin Pontacquais se fait également masser les quadris tétanisés et repart avant moi. Je suis content de cette rencontre et espère qu'il va aller mieux car je me verrais bien faire un bon bout de chemin avec lui.

Je le rattrape en haut du Cabaliros et tente de l'emmener dans notre sillage pour la descente mais il a besoin de prendre le temps. Je garde l'espoir de le racoler à Cauterets.


La descente sur Cauterets se fait à bonne allure, je prends mon pied à doubler une vingtaine de coureurs. Désolé pour eux mais comme j'ai dit plus haut, on s'accroche à ce qu'on peut à ce stade de la course.


Il est un peu plus de deux heures du matin quand j'arrive à Cauterets et une pluie fine vient rafraîchir cette première nuit de course. J'ai parcouru 100 kms et plus de 6000m de dénivelé. Je stagne un peu au ravtaillement, je commence à être au ralenti et je manque de m'endormir sur une banquette un peu trop confortable. Du coup je me reprends, avale un café et décide de repartir. Nico me quitte là, Thierry fait son entrée dans la salle mais m'annonce qu'il a rendu son dossard. Il a la sagesse de s'écouter et de finir son aventure avant qu'elle se transforme en calvaire. Mais il reviendra l'an prochain !!


J'attends qu'un coureur quitte à son tour ce nid douillet pour éviter de partir seul, mais au bout de 10' dans les sentiers nocturnes je le laisse partir, jugeant son rythme trop élevé. Là commence la partie la plus difficile de mon parcours, non pas par la technicité mais par ma lassitude et ma difficulté à m'imposer un rythme. J'ai un peu froid, je me sens un peu seul... Pour quelqu'un qui pestait contre la foule quelques heures auparavant, je retrouve un peu d'humanité dans la froideur montagnarde...

Cette attitude va se confirmer quand je reprends des coureurs dans la descente … ou peut être quand des coureurs me reprennent, mes souvenirs sont un peu flous sur cette partie. Car le petit matin pointe le bout de son nez et bientôt nous pouvons éteindre nos lampes frontales. Cette partie n'a pas grand intérêt jusqu'à la deuxième base de vie d'Esquière-Sèze, mise à part la rencontre avec d'autres coureurs.

Deuxième base de vie où j'avais prévu de dormir un peu. Mais finalement je m'y refuse pour plusieurs raisons : la première est que je n'ai pas sommeil, la seconde est que je crains de laisser refroidir mon genou et la troisième est que j'ai fait le choix de boucler un ultra non stop mais pas de faire une course par étapes... Dormir c'est triché !!

Je reste tout de même près d'une heure à cet endroit le temps de me laver les pieds et les jambes, me restaurer, même si c'est difficile d'avaler quelque chose. Sur les conseils de Nico (qui a dormi dans sa voiture et m'a rejoint au ravito), je me décide à aller montrer ce genou. Le médecin me conseille de jouer la prudence et d'arréter là mais après quelques palabres, elle accepte de me donner un anti inflammatoire et de me strapper. Le kiné qui s'en charge m'a fait le bandage le plus efficace qui soit car il m'a rendu la confiance et je suis reparti en laissant derrière moi la crainte que ce satané genou lâche avant la fin.

Après plus de 27 heures de course, 120kms et 7400m de dénivelé, je commence à envisager sérieusement de finir ce satané défi.

Je finis de me motiver en formant avec trois autres coureurs rencontrées au petit matin, un groupe homogène, motivé et près à tout donner. Nous atteignons Tournaboup sans trop nous en rendre compte, en avalant le dénivelé en marche rapide comme si la course commençait enfin. Nouveau ravito avant d'attaquer une belle montée technique. Je conseille à mes compagnons de bien manger car je connais la difficulté de se qui nous attend. Je pointe à la 100ème place mais nous décidons ( enfin surtout moi de finir dans les 90). Du coup on chôme pas dans la montée vers Aygues Cluses et le Col de Barèges. Nous doublons des coureurs, les premiers du 80kms nous passent mais ce qui me rassure c'est qu'ils mettent du temps à nous avaler. Là on est sur de finir, nous avons de l'avance sur les barrières horaires, certains passeront ici la nuit prochaine. On s'amuse donc à essayer d'atteindre cette 90ème place. C'est chose faite au Merlans que nous atteignons après une descente tranquille.

Enfin la dernière partie et ces douze kilomètres de descente pour 1400m de dénivelé négatifs. J'ai envie d'envoyer mais je calme le jeu car deux de mes compagnons ont un petit coup de moins bien. Nous avons décidé depuis plusieurs heures de finir ensemble et même s'ils me disent de partir, je ne reviens pas sur ce pacte. Nous franchirons ensemble l'arche d'arrivée, et de toute façon je suis pas à une demi heure près.

A l'approche de la fin, je motive un peu les troupes pour se remettre à courir de manière plus soutenue...ça met un peu de temps à redémarrer mais la troupe avance finalement à un bon rythme vers la délivrance. A l'approche de la ligne, j'enfile mon béret pour montrer que les béarnais sont de la fête parmi les basques, les bretons, etc.


J'ai l'agréable surprise d'apercevoir les potes barzunais qui m'ont suivi sur internet et qui sont venus m'accompagner, et enfin, comme si on avait gagné le championnat du monde, nous franchissons enfin la ligne...après 36heures !! Entrée dans l'ultra réussie !! Je suis fatigué mais pas écœuré, juste conscient d'avoir réussi un magnifique challenge et aussi soulagé que ce soit fini.


J'ai vécu une année de préparation particulière, jonglant avec un emploi du temps très serré. Heureusement que j'ai fait le choix de m'appuyer sur un coach, qui m'a permis de découvrir d'autres méthodes d'entraînement et ainsi éviter la lassitude. J'ai également passé un cap physiquement ce qui me permet de me fixer de nouveaux objectifs. Donc grand merci Pierre GASPARIAU de Tri Trail Coaching pour son investissement auprès de mon humble personne.


Je remercie également ma femme et mes enfants pour m'avoir soutenu et accepté mes absences, mon club des Aigles de Pau pour les encouragements, la carrosserie BONNAT pour son soutien, Nicolas CRAVEIRO pour m'avoir accompagné, les membres du team DD de BARZUN pour s'être déplacés(et Bruno pour avoir ramené ma voiture).


Pour conclure, je conseille cette course bien organisée, mais à ceux qui veulent passer le cap, seule une bonne préparation permet de finir, après s'être testé sur plusieurs formats plus abordables. Dans une société du tout et maintenant, il faut savoir prendre le temps pour arriver à atteindre certains objectifs. Il vaut mieux repousser d'une année mais atteindre son objectif avec un bon souvenir, que se lancer à tout prix et échouer immanquablement!!


MERCI AUX NOMBREUX BENEVOLES POUR LEUR GENTILLESSE ET LEUR DEVOUEMENT ! A bientôt …..........................




12/09/2013
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