A l'assaut de l'ultra

CR Grand Raid des Pyrénées 2011 version 80

CR GRP 2011 version 80

 

La fin de ma saison de sportif amateur approche et voit arriver mon dernier petit défi : le GRP version 80 kms avec 5000m de dénivelé positif.

Cette course ponctue de nombreuses heures à cheminer dans la campagne ou nos belles Pyrénées avec mes potes.

 

                         Pat Bruni, Geoffroy Erb, Moi, Michel Ormart à l'arrivée de l'Euskal

 

L'objectif de cette année sportive reste d'adapter mon corps à des charges de travail plus longues en vue de me lancer un défi un peu hors norme dans un an ou deux.

Pour l'instant à part quelques bobos, je suis satisfait. Je remarque,  lors de mes sorties en montagne,  que j'ai gagné en puissance puisque je cours beaucoup plus longtemps en montée qu'auparavant.

Mais j'ai également observé lors de la course du Petit Vignemale fin juillet que mon moteur est quelque peu bridé : j'avais largement l'endurance puisque j'ai fini frais et que j'ai pu enchaîner quelques entraînements derrière, mais je n'ai pu accélérer comme j'aurais voulu le faire.

J'aborde ce nouveau GRP avec l'objectif de faire au moins aussi bien que l'an dernier ( 13h50)  mais avec l'espoir de passer sous les 13 h.

 

Coté prépa, les conditions météos et mes obligations familiales ne m'ont pas permis de faire un ou deux blocs de deux ou trois jours en montagne comme je l'avais prévu. Mais j'ai quand même réussi à accumuler du dénivelé malgré des vacances au mois d'août à Paris... 

 

Cette année je monte à Vielle Aure avec mon pote Geoffroy, coéquipier de l'Euskal. Nous prenons deux voitures car il est de mariage le samedi soir en suivant de la course et qu'il partira aussitôt la ligne d'arrivée franchie.

 

Nous décidons de dormir dans nos véhicules. Pour ma part ce sera la première fois que je vais tester le Partner tepee en mode couchage. J'ai réussi à rentrer mon matelas gonflable, je devrais donc passer une bonne nuit.

 

 Après une heure trente de route environ, nous entrons dans la petite bourgade de Vielle Aure qui s'est  transformée en fourmilière.

 

Notre première action est le retrait du dossart que l'on obtient après une vérification de nos sacs et de son contenu obligatoire : on n'aborde pas la montagne sans un minimum de matériel.

 

Première étape passée avec succès. Avant même de courir on repart déjà avec quelques lots : un t-shirt, une bouteille de vin, du pâté, un saucisson et une tourte.

 

Ensuite direction la Pasta Party qu'on avait loupé l'an dernier, puis le briefing qui nous confirme qu'on partira à l'heure prévue et ne nous annonce pas une météo catastrophique. Nous ferons donc le parcours prévu …

 

Après ça nous finissons de préparer nos affaires et j'inaugure ma voiture version couchette.

 

3h40, réveil après une nuit reposante. Je me suis réveillé plusieurs fois mais j'ai dormi suffisamment pour ne pas me sentir fatigué. Un thé, quelques gâteaux, une banane et nous voilà fins prêts pour regagner le départ.

Nous croisons Eva de notre club des Aiglesde Pau, nous souhaitons bonne chance.

Je prend une petite photo de Dawa qui est un peu harcelé. Il doit lui tarder de partir et de retrouver un peu de calme.

 

5….4…..3….2…..1…. et c'est parti pour cette nouvelle édition.

 

Le départ est rapide, nous nous plaçons dans les 100 premiers. Après la partie bitumée en guise de réveil musculaire, la pente s'élève rapidement, nous attaquons la montée vers Soulan où quelques spectateurs matinaux nous encouragent.

Geoffroy  part en éclaireur et je préfère rester à mon rythme où je suis à l'aise. J'avale les 1400 premiers mètres d'altitude jusqu'au col de Portet en 2h sans jamais me mettre dans le rouge, c'est-à-dire en pouvant parler facilement.

J'ai de bonnes sensations physiques mais je commence à sentir que mon mental ne poussera pas la machine à la limite de la rupture.

 

Mon pote Caza me rattrape, très à l'aise et motivé comme une machine. Je lui conseille de ne pas se cramer, qu'il aura le temps de se mettre la mine après Tournaboup. Mais il est bien et semble ne pas forcer. Nous restons ensemble jusqu'à Merlans puis petit à petit il prend un peu d'avance. Je le laisse filer, fais quelques photos.

 

Lac de l'Oule

 

Ensuite, nous entamons la partie que je trouve la plus belle au niveau des paysages, parsemés de lacs de toutes parts. Nous traversons les lacs de Bastan, de la Hourquette, de Campana, de Gréziolles.

J'avoue que je sors un peu de ma course, je savoure. Je rejoins Geoffroy qui m'attend sentant que ces jambes lui commandent de ralentir.

 

Michel nous attend au refuge de Campana, nous encourage et nous décrit le passage de Dawa : il nous explique qu'il est aussi à l'aise et aérien que Denis quand il fait ses tours de piste. Un coureur est présent, le visage en sang. Michel nous explique qu'il a chuté sans mettre les mains. Dommage pour lui, il devait rivaliser avec les premiers ayant gagné le 2 * 65 de l'euskal trail cette année.

 

Nous continuons sur notre rythme jusqu'à Artigues, où Elodie la supportrice numéro un de Geoffroy nous attend. Quelques photos, une bonne pause au ravito avant d'attaquer la montée au Pic que je redoute un peu car elle est longue : 10 kilomètres et 1600m de dénivelé.

 

Le parcours à la sortie d'Artigues est modifié par rapport à l'an dernier. On monte sec dans un bois, ce qui nous asphyxie un peu.

Ensuite on connaît le parcours puisqu'on vient le faire régulièrement en entraînement.

Comme l'an dernier j'ai un petit coup de moins bien. Je me demande ce que je fais ici, pourquoi je fais cette course après une saison suffisamment remplie, je me dis que je suis trop pressé de demander à mon organisme tous ces efforts, que j'ai même pas fait la moitié du parcours, que je dois me comporter en personne responsable de famille, etc., etc. etc. Puis je rattrape un coureur qui souffre d'une tendinite, et qui a les boules car il devra abandonner à Sencours. Je l'encourage et après un petit bilan rapide de mon état de santé, je me rends compte que mon physique va bien, et que je n'ai aucune douleur … je me relance, mon coup de mou est derrière moi, je suis content d'être là… Tout ça pour dire que les passages à vide font partie de ce sport, mais qu'ils disparaissent souvent aussi vite qu'ils sont arrivés.

 

Au col de Sencours, je retrouve Geoffroy qui avait pris quelques longueurs d'avance pendant mon petit bug. Nous attaquons la montée au Pic à un bon rythme et croisons les premiers qui sont lancés dans la descente.

Je croise Caza toujours aussi motivé.

 

Dans la descente, Geoffroy m'annonce qu'il a une douleur au genou qui l'empêche d'appuyer en descente. Il me dit de partir, de faire ma course. Mais je ne veux pas me mettre dans le rouge dans cette longue descente de plus de 10 bornes et 1400 de dénivelé négatif.

 

J'arrive à Tournaboup avec cinq minutes d'avance sur Geoffroy que j'attends. Nous nous posons, j'essaie de manger mais ça passe difficilement.

 

Là, je fais des plans pour relancer notre course. A ce rythme nous allons arriver battre notre record, nous avons une heure d'avance par rapport à l'an dernier. … dans mon délire je me suis planté d'une heure,  donc nous sommes dans les mêmes temps qu'en 2010 mais ça je vais m'en rendre compte deux heures plus tard environ. Ce calcul erroné aura au moins eu le mérite de me remettre un peu dans la course et de trouver un mental un peu plus guerrier.

 

J'attaque la montée vers le col de barèges à un bon tempo. Je colle un coureur dont le rythme me convient. Je suis assez à l'aise mais je préfère rester derrière lui malgré ses demandes de me laisser passer. Un autre coureur s'accroche et Geoffroy décroche.  Je me dis que vu la remontée qu'il a fait l'an dernier dans cette partie, si son genou devient moins douloureux, je devrais le voir fondre sur moi avant l'arrivée.

Puis à ma surprise je passe Caza, assis sur le bord du chemin, blanc comme un linge, qui nous fait une hypo. Je lui propose à manger mais il a ce qu'il faut et il m'assure qu'il va finir. En bon rugbyman, je me doute que c'est pas un petit coup de mou qui va l'arrêter.

 

Je continue ma route, rattrape le coureur qui me servait de lièvre mais il craque un peu et je l'abandonne à son tour.

J'arrive à la cabane d'Aygues–Cluses, boit un peu d'eau et attaque une montée sèche qui fait mal aux cuisses et mène au col de Barèges, dernier point culminant à 2469 m d'altitude.

 

Là je réalise que je me suis planté dans mes estimations horaires d'arrivée et calcule que je vais devoir accélérer pour battre mon record de l'an dernier…. J'entame alors un contre la montre et me lance dans la descente. Elle fait plus de cinq kilomètres et je sais que j'ai encore 400 mètres de dénivelé à grimper avant la descente finale.

 

La descente jusqu'au lac de l'Oule est sympa mais je sais que la remontée vers le ravito de Merlans est un peu longue.

J'aime pas trop cette partie mais je la passe bien malgré tout sans tout donner car je sais que tout se jouera dans la dernière descente longue de plus de 11 kilomètres et avec plus de 1400 m de dénivelé négatif. Par contre, désolé mais plus le temps de prendre des photos...

 

Je discute avec un gars avant d'arriver à Merlans qui pense que je serais jamais dans les temps. Mais c'est sans compter sur le réveil de la bête qui va tout donner …

 

J'attaque donc cette dernière partie avec le même mental que pour un dix bornes. Je doubles plus d'une quinzaine de coureurs mais aucun ne me suivra… Je suis arrivé à Vignec à la limite de la rupture et j'ai fini de me mettre la mine sur la route goudronnée qui rejoint Vielle Aure avec la peur de m'écrouler à tout moment avant de franchir la ligne. Mais j'ai tenu bon jusqu'au bout. La bénévole qui m'a accueillie à l'arrivée s'est demandée quelques secondes si j'étais dans mon état normal … mais j'ai pu lui montrer que mon cerveau n'était pas resté dans les montagnes… quoique…

 

Je suis arrivé après 13h42 de course en ayant battu mon record de 8 petites minutes… Je pense que j'avais le physique pour faire beaucoup mieux mais j'ai manqué de fraîcheur. Cette expérience m'a servie à me connaître un peu mieux et m'a fait prendre conscience que si mon moteur est un bon diesel, je vais devoir travailler un peu différemment pour essayer d'en faire un TDI… Place maintenant à la récup et à une phase de développement de ma VMA et de mon esprit de compétiteur.

 

Bravo à Geoffroy qui a fini malgré la douleur et à Caza qui a su retrouver les ressources pour boucler son premier ultra.

 

A ce propos, je me permets de nommer ce parcours « ultra » car je pense que dans ce sport qui propose sans cesse des distances toujours plus longues, il faut garder à l'esprit que 80 kms et 5000 m de dénivelé représente un effort conséquent qu'il faut aborder et préparer sérieusement.  Il faut éviter de se dire que certains font 160 kilomètres et que donc il est facile d'en faire 80. C'est un coup à s'écoeurer de ce sport qui pourtant permet se connaître mieux et de découvrir des paysages naturels magnifiques.

Restons humbles face à nos capacités ….

 

Je voudrais remercier l'équipe d'organisation au top et aussi tous les bénévoles qui se sont mis en quatre pour que notre fête soit réussie.

 

JLouis, coureur amateur passionné.  

 

 Vous pouvez également lire le CR de Laurent



02/09/2011
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