A l'assaut de l'ultra

100 kms de Belvès 2012

Fin Août 2008, je décide d'arrêter de nouveau de fumer . J'y étais arrivé non sans mal et en palliant cette drogue par un coup de fourchette démultiplié... du coup quand je suis monté sur une balance après quelques mois de sevrage, le chiffre 92 est apparu malgré mes multiples vérifications. J'ai préféré ré enfumer mes vaisseaux pour arrêter cette spirale pouvant mener au quintal ! Mais ma famille m'a fait réaliser que cette solution n'est pas idéale, surtout que des maladies cardio vasculaires apparaissent chez mes proches.

Ma femme m'a alors conseillé de me mettre au footing !! Beurk! Courir n'a jamais été ma tasse de thé.. Mais bon direction le soleil pour quinze jours de vacances, sans tabac et avec la ferme intention de calmer mes envies alimentaires! Au bout de deux jours je dompte mon premier vice mais coté bouffe... Je me décide alors à tenter une boucle en courant. Bon j'arrive péniblement à courir un kilomètre sans m'arrêter, je finis mon tour en alternant marche et course et décide de continuer le lendemain. Finalement, passées les premières douleurs musculaires j'ai ressenti un certain bien-être !! Deux mois plus tard deux ou trois footing rythment mes semaines : ma femme me propose alors de participer à une course sur route. Qu'elle ne fut pas ma surprise de savoir que des coureurs se retrouvaient le dimanche un dossard sur le dos pour partager un moment de sport... Voilà le virus est parti de là, de cette ambiance bonne enfant mais compétitive le temps de la course. Dans les mois qui ont suivi, j'ai découvert que certains couraient sur des chemins, en plaine ou en montagne, sur des formats courts, longs, extra longs !!

Originaire de la Vallée d'Aspe mon cœur a vite penché pour le dénivelé et mon physique pour les efforts longs.

Depuis je modèle patiemment mon corps pour arriver à participer un jour à un grand ultra de montagne.

Cette année 2012 j'ai décidé de me consacrer à développer davantage ma vitesse après un petit écart de 100 kms dans le Périgord. J'avais promis à Pierre, trésorier de mon club, disparu brutalement l'an dernier, que je ferais un jour cette course qui lui tenait à cœur. En hommage pour lui ce sera cette année.

Mais en novembre un pépin physique me contraint au repos. Une hernie discale me comprime le nerf sciatique et la course à pied n'est plus recommandée. On me conseille alors un cabinet de kiné qui pratiquent la méthode des Chaines Physiologiques. Je rencontre alors Virginie Joudou , qui m'apprend les bonnes façons de s'étirer. Mes exercices couplées à des séances de natation me permettent de me remettre sur pied et de reprendre la course à pied début janvier.

Trop tard pour me lancer sur un 100 kms en avril ? Il m'en faut plus pour renoncer. Je motive mon pote Gilles à se lancer dans l'aventure à mes cotés puisqu'on peut être accompagné par un cycliste... la prépa se passe sans encombre avec un léger déficit de volume mais je veux pas forcer la machine si tôt dans la saison et préfère jouer sur la fraicheur!

Une sortie test de 50 kms réalisée à 12,5km/heure me confirme que la forme est là, même si les jambes me piquent à l'arrivée.

Ce vendredi 13 avril, en début d'après midi, direction Belvès que nous atteignons quelques quatre heurs plus tard après avoir perdu un peu de temps ne voulant pas écouter notre amie qui nous avait pourtant dis: "dans 200mètres veuillez prendre la deuxième sortie à droite"...

Mais bon la mairie de Belvès nous ouvre ses portes pour récupérer les dossards.

Je fais pas mon crâneur car cette course est le support des championnats de France, ce qui confère à l'évènement une ambiance particulière. Nous quittons cette jolie ville pour nous rendre à quelques kilomètres de là à "Buisson de Cadouin " au centre de vacances de Fontenille.

Nous sommes en effet plusieurs coureurs des aigles de Pau à participer à l'aventure et le club nous a déniché cet hébergement pour 25 euros par nuit, repas du soir et petit déjeuner compris. Je tiens à remercier les salariés qui se sont pliés à nos exigences en terme de menus ou d'horaires de lever. Le savoir vivre existe encore !!!

Après un bon plat de pâtes, quelques palabres et direction le lit car la journée du lendemain va être longue. Après une courte nuit de sommeil, le réveil me sort du lit à 4h45 pour prendre mon dernier repas trois heures avant l'épreuve.

Gilles continue à dormir mais pour lui le délai de trois heures passe au second plan.


Habillage, contrôle et recontrôle du matériel et direction la ligne de départ.

Les cyclistes sont partis ensemble et nous les retrouverons aux alentours du 10ème kilomètre.

Je choisis de ne pas m'échauffer préférant m'économiser et partir moins vite, le but étant de rentrer à la maison le titre de 100 bornards en poche.

Les coureurs inscrits aux championnats de France sont priés de se mettre en tête ce qui représente un bon paquet de coureurs devant moi. J'ai en effet choisi de ne pas prendre ma licence compétition pour ce Championnat pour m'éviter une pression supplémentaire dans cette nouvelle aventure.

Le départ donné, je passe les deux ou trois premiers kilomètres à remonter des coureurs jusqu'à trouver ma place à l'allure choisie soit 12 km/h. Mon objectif est de tenir le plus longtemps à cette vitesse et de gérer la fin comme je peux.

Un coureur et sponsor des Aigles, Gérald Degeorges, que je connais que de vue me rejoind. Il a déjà fait les 100 kms de Millau en 9h55 et compte faire un meilleur temps cette année. Nous restons ensemble jusqu'au 40ème à peu près. Il décide de s'arréter un peu, je l'attends quelques minutes mais ne le voyant pas arriver, je repars à mon allure pour ne pas perdre mon fil. Il abandonnera au cinquantième pour des problèmes gastriques. J'espère qu'on aura l'occasion de recourir cote à cote dans un prochain défi du même type.

Pour ma part, le régime sans légumes verts les deux jours précédents, agrémentés de bananes à tous les repas ainsi qu'à mes quatre premiers ravitaillements ne m'ont valu aucun soucis digestif.

A l'approche du cinquantième, ma vitesse baisse progressivement pour se caler entre 11 et 11,5 km/h. J'ai des douleurs dans les cuisses mais je reste frais physiquement. Nous arrivons à Sarlat en 4h25, où s'arrêtent ceux du 50 kms.Seuls restent sur le parcours ceux qui veulent revoir Belvès sur les deux jambes. Mentalement, le passage au 50 me fait pas trop de bien, car à la sortie de Sarlat s'en suit une série de montées, qui m'empêchent de me mettre dans un rythme régulier. Au 60ème je suis content il ne reste "que" 40 bornes. Mais cette satisfaction ne dure pas longtemps. Des crampes aux mollets commencent à se réveiller. A ce stade, je prends ça tranquillement, me disant qu'elles vont passer dans un moment. Je bois, m'alimente en solide mais au fil des kilomètres je réalise que ces douleurs vont m'accompagner jusqu'au bout. Je n'ai pas d'autre choix que d'alterner course et marche quand les crampes sont trop douloureuses pour m'empêcher de continuer. Je m'étire dès que je peux et cours dès que la douleur s'atténue.

Je veux finir et en plus passer sous les 10 heures ce qui me donnera une bonne base. Mon mental prend alors le dessus pour courir le plus possible. Je suis donc obligé de pousser la machine au maximum pour éviter de marcher trop. A moins 20 kms je sais que je vais finir, même en rampant car je n'ai pas fait venir Gilles pour abandonner à ce stade.

Là c'est lui qui m'encourage pour ne rien lâcher. Certains kilomètres sont interminables mais je suis rassuré car je vois autour de moi des coureurs qui souffrent également.

Heureusement les paysages traversés et le temps sec m'ont crée un décor paisible respirant le  bonheur !!!

A moins dix kilomètres je pense pouvoir arriver sous les 10 heures si je serre les dents. Ce que je fais jusqu'à la dernière montée qui fait mal, mais à moins de 2 kms la joie de finir prend le pas sur la douleur. Je passe donc la ligne en 9h50 avec les jambes détruites mais sans être épuisé physiquement.Je viens de courir 100kms avec 920 m de dénivelé....Malgré la douleur ce fut une belle aventure humaine!!!

Je sais alors qu'un des mes futurs objectifs sera de revenir pour voir le chiffre 8 en tête de mon temps final. Mais ce sera quand j'aurais le temps de digérer un volume d'entrainement bien plus important et structurer davantage mes entrainements. Pour avoir discuté le soir avec Vincent Rivoire, qui finit 8ème en 7h59'59'' et champion de France V2, il faudra enquiller des semaines à 140 kms de course... pour l'instant, entre mon boulot très prenant, ma famille et mes engagements citoyens, il va me falloir une organisation millimétrée pour y parvenir. Mais j'espère y arriver un jour.... en tout cas j'ai la confirmation que je suis fait pour le long. Pourvu que ça dure !!

Je pense également qu'il me serait profitable de trouver quelqu'un qui me cadre un peu car je pense que mes entrainements méritent plus de cohérence. Avis aux amateurs!!

Maintenant ma fin de saison va s'orienter sur du court avec peut être le marathon de Toulouse ou un trail de 40 kms comme objectif final... A bientôt pour de nouvelles aventures!!!!

Bravo aux autres cent bornards du club, Sonia, Pierre, Michel et la métronome Flo, qui ramène en plus le titre de championne d'Aquitaine

J'adresse également un grand merci aux nombreux bénévoles qui ont fait preuve de patience tout au long de la journée pour nous rendre la tache plus facile. Sans eux nous ne serions pas là !!




20/04/2012
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